Il y avait autrefois un petit village dans les hautes montagnes bretonnes, et dont ne se souviennent aujourd'hui plus que quelques rares nobles et sages ancêtres. Chose rare pour un village breton, où par habitude les nuages ne sont présent que pour estomper l'éclat du Soleil qui lui, luit toujours : il y pleuvait. Tous les jours, et ce par régulières intermittences.

Ainsi, les habitants de ce village, qui ne voyaient pas se lever et coucher le soleil, mais bien aller et venir les nuages gris, avaient pris l'habitude de compter le temps non en heures solaires ni en années, mais en pluies.

Ainsi, il était banalité de prononcer des phrases à l'exemple de "untel fermier s'est blessé il y a cinq pluies" ; "unetelle vache ne donne plus de lait depuis bien des pluies" ; "je descendrai chercher le pain à la prochaine pluie, arrête de m'énerver maman" ; "ils se marièrent voilà 223 pluies et vécurent de longues et heureuses pluies ensemble". On y fixait aux lampes des abats-pluies (un peu facile comme blagounette, mais ça passe). On y naissait au cours d'une pluie et mourait au cours d'une autre.

Or un jour arriva. Etaient-ce les américains avec leurs usines à gaz carbonique ? Etait-ce un effet à retardement du nuage de Tchernobyl, qui pourtant s'était arrêté devant la porte du village et ne l'avait traversé ? Etait-ce dû aux fermiers du village eux-mêmes, qui avaient adopté un nouveau pesticide - avec une tête de mort dessinée dessus - voilà quelques pluies ? Personne ne le sut.

Toujours est-il que les pluies s'arrêtèrent et que le soleil vint.

Le temps n'avait plus cours au bourg. Jour était de retour. (les petits-four et topinambours avec amour firent un détour autour du pourtour de la basse-cour alentour - ça c'était pour l'humour.)

Enfin arriva alors, à la stupeur de tous les habitants, le premier enfant qui n'était pas né au cours de la dernière des pluies. Il n'était né ni de la dernière ni de l'avant-dernière, d'ailleurs. Il était né de jour. Du dernier jour pour être exact.

La suite, vous la devinez : les habitants furent tant hébétés qu'ils se dispersèrent par toute la contrée clamer qu'un enfant de leur village n'était pas né de la dernière pluie (Cette dispersion entraina d'ailleurs la fin de leur village).

Mais si le village n'est plus, l'expression court toujours, et porte avec honneur à la mémoire collective le souvenir du premier enfant de ce village breton a n'être né d'aucune pluie.

Merci le glob pour ces enrichissements culturels quotidiens... Vais peut-être me coucher, moi.